Surfer sur la piscine coulée

 𝑪𝒉𝒂𝒒𝒖𝒆 𝒎𝒐𝒊𝒔, 𝒍𝒆𝒔 𝑰𝒏𝒕𝒆𝒎𝒑𝒐𝒓𝒆𝒍𝒔 𝒑𝒓𝒐𝒑𝒐𝒔𝒆 𝒅𝒆𝒖𝒙 é𝒄𝒍𝒂𝒊𝒓𝒂𝒈𝒆𝒔 𝒔𝒖𝒓 𝒖𝒏𝒆 𝒒𝒖𝒆𝒔𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒑𝒐𝒔é𝒆 𝒐𝒖 𝒖𝒏 𝒎𝒐𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒗é𝒄𝒖 𝒑𝒂𝒓 𝒅𝒊𝒇𝒇é𝒓𝒆𝒏𝒕𝒔 𝒊𝒏𝒅𝒊𝒗𝒊𝒅𝒖𝒔 : 𝒒𝒖’𝒊𝒍𝒔 𝒔𝒐𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒓𝒆𝒏𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓é𝒔 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒂 𝒓𝒖𝒆, 𝒐𝒖 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒆 𝒎𝒐𝒏𝒅𝒆 𝒗𝒊𝒓𝒕𝒖𝒆𝒍, 𝒄𝒆 𝒔𝒐𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒑𝒓𝒐𝒑𝒓𝒆𝒔 𝒄𝒐𝒏𝒔𝒕𝒂𝒕𝒔 𝒒𝒖𝒆 𝒔𝒆 𝒅é𝒓𝒐𝒖𝒍𝒆 𝒅𝒆𝒓𝒓𝒊è𝒓𝒆, 𝒖𝒏𝒆 𝒂𝒏𝒂𝒍𝒚𝒔𝒆 𝒕𝒆𝒎𝒑𝒐𝒓𝒆𝒍𝒍𝒆. 𝑪𝒆𝒍𝒍𝒆-𝒄𝒊 𝒆𝒔𝒕 𝒏𝒐𝒏 𝒆𝒙𝒉𝒂𝒖𝒔𝒕𝒊𝒗𝒆, 𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆 𝒖𝒏 𝒑𝒐𝒊𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝒗𝒖𝒆, 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒏𝒆 𝒔𝒆 𝒗𝒆𝒖𝒕 𝒑𝒂𝒔 à 𝒄𝒂𝒓𝒂𝒄𝒕è𝒓𝒆 𝒖𝒏𝒊𝒗𝒆𝒓𝒔𝒊𝒕𝒂𝒊𝒓𝒆. 𝑬𝒍𝒍𝒆 𝒆𝒔𝒕 à 𝒍𝒂 𝒄𝒓𝒐𝒊𝒔é𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒎𝒐𝒏𝒅𝒆𝒔 : 𝒅𝒆 𝒄𝒆𝒍𝒖𝒊 𝒒𝒖𝒊 𝒓𝒂𝒄𝒐𝒏𝒕𝒆 𝒍𝒆 𝒑𝒂𝒔𝒔é, 𝒅𝒆 𝒄𝒆𝒍𝒖𝒊 𝒒𝒖𝒊 𝒓𝒆𝒄𝒉𝒆𝒓𝒄𝒉𝒆 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒍𝒆 𝒑𝒓é𝒔𝒆𝒏𝒕, 𝒅𝒆 𝒄𝒆𝒍𝒖𝒊 𝒒𝒖𝒊 𝒊𝒎𝒂𝒈𝒊𝒏𝒆 𝒍𝒆 𝒇𝒖𝒕𝒖𝒓. 𝑪𝒆𝒔 é𝒄𝒓𝒊𝒕𝒔 𝒔𝒐𝒏𝒕 𝒐𝒖𝒗𝒆𝒓𝒕𝒔 à 𝒒𝒖𝒊 𝒔𝒐𝒖𝒉𝒂𝒊𝒕𝒆𝒓𝒂𝒊𝒕 𝒍𝒆𝒔 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒍é𝒕𝒆𝒓 - à 𝒕𝒐𝒖𝒕𝒆𝒔 𝒍𝒆𝒔 (𝒃𝒊𝒆𝒏 𝒊𝒏𝒕𝒆𝒏𝒕𝒊𝒐𝒏𝒏é𝒆𝒔) 𝒐𝒏𝒅𝒆𝒔 𝒑𝒂𝒔𝒔𝒂𝒏𝒕𝒆𝒔.

𝓙'𝓪𝓲 𝓽𝓸𝓾𝓳𝓸𝓾𝓻𝓼 𝓹𝓮𝓾𝓻 𝓺𝓾𝓮 𝓽𝓾 𝓭é𝓫𝓸𝓻𝓭𝓮𝓼

𝓠𝓾𝓪𝓷𝓭 𝓳𝓮 𝓷𝓮 𝓿𝓸𝓲𝓼 𝓹𝓪𝓼 𝓫𝓲𝓮𝓷 𝓽𝓮𝓼 𝓬𝓸𝓷𝓽𝓸𝓾𝓻𝓼

𝓘𝓵𝓼 𝓸𝓷𝓭𝓾𝓵𝓮𝓷𝓽 𝓽𝓪𝓷𝓽 𝓹𝓪𝓻𝓯𝓸𝓲𝓼

𝓙𝓮 𝓷𝓮 𝓼𝓪𝓲𝓼 𝓹𝓵𝓾𝓼

𝓞ù 𝓽𝓮 𝓽𝓻𝓸𝓾𝓿𝓮𝓻 𝓿𝓻𝓪𝓲𝓶𝓮𝓷𝓽

Petit surnom de notre direction des renseignements extérieurs, référence de la fameuse épreuve d’entrée au sein de l’une des écoles de la tech française parmi les plus sélectives, la piscine, pour nombre d’entre nous, renvoie plutôt à des saveurs d’été, des souvenirs joyeux, ou des cauchemars d’écoliers. Plonger dans l’eau, apprendre à nager, concevoir des univers arts déco ou les contempler, la piscine réussit à traverser les années à conserver une intention symbolique. Jusqu'à quand ?

Sur le remblais des Sables d’Olonne, la question des badauds, lors d’un week-end de mai 2023 était celle-ci : pourraient-ils  construire et remplir les piscines à venir ? Une interrogation qui oscillait entre  la frustration liée à l’anticipation de la disparition d’un loisir et la compréhension du péril très actuel de notre ressource indispensable : l’eau.

Se prélasser dans une eau claire, sentir les rayons du soleil sur sa peau ou capter les réverbérations d’une verrière, sont autant de sensations qui remontent à l’Antiquité. Installés par les Grecs, les bains et les thermes vont devenir un lieu d’excellence de rencontres sociales, tantôt associés au sport, tantôt associés au bien-être. Ancêtres de la piscine dont l’étymologie nous provient du latin “piscina”, un dérivé de “piscis” (poisson) et qui définissait alors l’endroit où les Romains les plus riches pouvaient élever des poissons : la piscine était alors une source d’alimentation, mais aussi un lieu dédié aux différentes cérémonies incluant de l’eau. Tout au long de la période de l’Empire Romain, sept thermes principaux vont être construits et seront connus comme étant les plus célèbres  à travers l’Histoire : les thermes d’Agrippa (construits en 25 av. J-C), de Néron, de Vespasien, de Titus, de Caracalla, de Dioclétien et de Constantin.

Jean-Noël Robert, latiniste, raconte en 2013 dans l'émission Les Bons plaisirs sur France Culture  : 

• "Les thermes, c'est à la fois les bains et le loisir. Ceux qui ont des bains privés chez eux s'y rendent quand même. Parce que les thermes, c'est aussi le lieu où l'on se rencontre. C'est le lieu de la mixité sociale. Même l'empereur vient aux thermes !"

Repères de l’Empire Romain, ils vont se développer dans chaque province conquise par l’Empire. On en a plus récemment retrouvé des vestiges en Bretagne, près de l’Odet, anciennement appelés les thermes de Perennou. Les plus majestueux sont les thermes de Caracalla (du nom de l’Empereur qui les fit construire, de 188 à 211) qui s’étendent à l’époque sur près de 11 hectares et ayant pour les construire, nécessité, près de 64 citernes de 80 000 litres d’eau. A mesure qu’ils prennent forme, les thermes se transforment en véritables musées : marbre au sol et aux murs, décoration, finesse, œuvres d’art - à l’instar du torse du Belvèdère du grec Apollonios. Ils ouvrent la porte à une véritable culture de l’esthétique associée à la baignade et à ses environnements, qui marqueront les époques futures et que nous gardons et continuons à perpétuer aujourd’hui. Ils contiennent aussi un élément important : le frigidarium, une piscine d’eau froide de plus de 50 mètres, où apprennent à nager les Romains.

Mais les piscines existent également dans de somptueuses villas, comme en témoigne la mosaïque des femmes en bikini de la Villa du Casale, Sicile, IIIe siècle après J-C.

Lien vers l'original

Avec l’arrivée du Moyen-âge, la piscine se cantonne aux célébrations religieuses. Les bains quant à eux se développent dans les cités latines, principalement pour se laver, et pour se rencontrer, comme le souligne l’historienne Marylin Nicoud. Mais ils connaissent une baisse de fréquentation en comparaison avec l’époque antique. Ils sont accusés de propager des virus et des maladies, de favoriser la promiscuité et le développement de la violence. L’apprentissage de la nage se perd. En 1565, sous influence ottomane, sont construits les plus anciens bains de Budapest : les bains Király, par le pacha  Arszlán de Buda.

Les piscines et étuves dédiés à la nage, signent leur retour à la fin du XVIII siècle inspirées par les théories des Lumières qui vantent le naturel et l’exercice physique.En France, la première école de nage, un bassin flottant sur la Seine, est ouverte par Barthélémy Turquin en 1785. S’en suivront la création de bains Deligny, pour attirer une clientèle plus privilégiée que celles des bains où se mélangent différentes classes sociales. Leur architecture est particulièrement commentée. Ces derniers connaîtront un destin tragique, en 1993, on parlera alors de la piscine coulée pour parler de l’espace Deligny. 

“Au début du XIXe siècle, les bains établis sur la Seine, à Paris, se composent désormais de quatre ou six pontons portant plateforme, cabines, portiques, restaurant, qui forment ensemble une enceinte rectangulaire, au milieu de laquelle se prennent les bains. Les espaces annexes se développent, comme aux premiers bains Deligny où « la rotonde » appelée encore « l’amphithéâtre »permet aux nageurs de se réunir et de discuter. À partir de 1830, le fond du bassin peut être formé de planches de bois mobiles susceptibles de modifier la profondeur et de créer une pente artificielle.”

L'ambiance aux bains Deligny avant que la piscine ne coule

Mais la fonctionnalité des bains : hygiène, divertissement ou activité physique continue de présenter des contours flous. Sous l’impulsion des jeux olympiques du début des années 1920, la France se lance dans la construction de piscines publiques, exclusivement dédiées à la natation. La question du bain d’hygiène se replie peu à peu dans la sphère privée. La piscine de la butte aux cailles, avec son bassin pour apprendre à nager et sa tribune est construite en 1924, et celle du Molitor en 1929.

La dynamique de la piscine reprend de plus belle avec l’avènement des congés payés, des escapades vers les bains et des Trente Glorieuses qui favorisent le développement des loisirs. Un programme national de construction des piscines industrielles est lancé en 1969 pour favoriser l’apprentissage de la nage et améliorer les performances olympiques. Pour ceux qui ont une baignoire trop petite, et la mer trop loin. C’est l’ère des piscines Tournesol designées par Bernard Schoeller. Des constructions aux allures spatiales, qui permettent de s’ouvrir aux premiers rayons du soleil. La première de ses grandes qualités réside dans le fait que le projet est davantage un objet singulier et compact qu’un bâtiment.

‘Notre centre nautique, comme la mairie l’appelait pompeusement, était une piscine Tournesol, en forme d’igloo moderne avec des hublots. Sa structure permettait, quand le temps était beau, d’en ouvrir une partie au grand air.’

Le premier été, Anne Percin, éditions du Rouergue, 2011

Mais il serait bien impertinent d’évoquer l’historique des piscines et des bains en oubliant de mentionner les différents costumes, vêtements, maillots de bain qui ont traversé les époques et les plongeons dans l’eau. Nous devons d’ailleurs à la nageuse australienne Anette Kellerman, des formes de maillot pour femmes plus échancrées. Nageuse, elle sera arrêtée pour ses tenues considérées comme indécentes en 1907. C’est bien plus tard, qu’apparaît le bikini de Louis Réart en 1946. Il est inspiré du maillot de bain Atome de Jacques Heim. Il sera commercialisé avec ce slogan : “ Le bikini, la première bombe atomique” - en référence à l’atoll américain où venait de se dérouler l’un des premiers essais nucléaires.

Toujours aussi populaires, les piscines n’ont eu de cesse dans notre période contemporaine, de se démocratiser, avec les piscines en kit, de se sophistiquer, constituant alors de grands terrains de jeux pour les architectes, ou bien encore, d’essayer de s’adapter à nos nouvelles contraintes sociétales, avec l'apparition de piscines biologique, sans chlore, aussi appelées “piscines naturelles”.

En juillet 2021, le Monde titrait “”. La France, est derrière les Etats-Unis, le pays qui comporte le plus de piscines individuelles, loin devant l’Espagne et l’Italie, avec trois millions de bassins, soit 1 pour 27 habitants.  Les Français délaisseraient les piscines publiques pour créer en leur propre chez soi, leur espace de barbotage. Une tendance qui s’est développée depuis la pandémie de covid-19, et qui est facilitée par l’industrialisation du secteur. La baisse des prix pour un bassin enterré (ce qui était considéré comme du luxe il y a quelques décennies encore) a rendu le bien accessible (les premiers prix s’élevant à 15 000 euros). Ce n’est pas qu’une mode, mais une véritable culture, un mode de vie qui marque nos existences, nos rêves, nous vacances ou nos souvenirs d’enfance : 

La découverte de l’eau, comme celle de la neige, est quelque chose dont on se rappelle toujours, c’est fondateur et formateur. Chantal Thomas

Mais si le coût en argent de la piscine n’a fait que décroître avec le temps, ce n’est pas le cas de son coût énergétique. 2023 aura ainsi été marquée par plusieurs mesures, visant à interdire le remplissage des piscines construites au cours de l’année, voire, tout simplement, à en imposer l’interdiction de construction. Le BRGM, l’organisme de surveillance des nappes phréatiques, le rappelle  : “La situation demeure peu satisfaisante sur une grande partie du pays : 68% des niveaux des nappes phréatiques restent sous les normales mensuelles en avril 2023 (75% en mars 2023, 58% en mars 2022).” Si la piscine nous désaltère et nous offre ses plaisirs, il est de ceux qui doivent être écartés pour sauver les productions agricoles de l’année. Il en va de la lutte contre une artificialisation des sols qui ne peuvent plus le supporter.  Chacun peut même calculer l’impact écologique de sa piscine individuelle s’il en possède une, avec un simulateur fourni par le magazine Bon Pote. En septembre 2022, plusieurs piscines fermaient ainsi leurs portes en raison des contraintes énergétiques : Armentière, Granville, Sainte-Pazanne, Saint-Jean-de-Monts, Nîmes, Cassis ect... La société Vert-Marin annonçait ainsi la fermeture de 29 piscines, en raison des hausses du coût de l’énergie.

L’urgence climatique nous pousse à trouver d’autres loisirs, et continue de façonner notre rapport à la piscine, qui n’a pas fini d’être épuisé - tant les piscines sont des oeuvres artistiques, des prouesses architecturales vivantes.

En préparation des jeux olympiques de 2024, c’est la salle de concert Paris la Défense Arena qui se transformera en deux  bassins olympiques pour l’occasion, nécessitant alors quelques ajustements techniques. Et la piscine, au-delà de son usage antique lié au bien-être continue de nourrir l’art contemporain et d’être associée à une forme de luxe.

La piscine Molitor à Paris, classée patrimoine historique en 1990, est partie d’un véritable complexe hôtelier du XVIème arrondissement. Typique de la période Art Déco, elle  ferme ses portes en 1989, avant de faire l’objet de travaux de réhabilitations en 2011, menés par les architectes  Alain Derbesse, associé à Jacques Rougerie et Alain-Charles Perrot. Dessinée à l’époque par Lucien Polet, qui imagine les nageurs descendre vers les deux bassins depuis les cabines individuelles, Alain-Charles Perrot rappelle que la piscine était à l’époque le lieu de rencontres, et qu’elle se transformait même en patinoire au cours de l’hiver. Il y avait alors une lumière “incroyable” et l’on était content, lorsque l’on finissait après plusieurs rendez-vous à Molitor à saisir un baiser. Aujourd’hui, la piscine renoue avec le luxe d’antan. Le forfait pour deux personnes à la journée s’élève à 290 euros, et l’abonnement à l’année à près de 3000 euros.

Autre lieu emblématique qui invite à penser le renouvellement des piscines, la piscine de la rue des champs, ou la Piscine de Roubaix, devenu musée d’arts et d’industrie en 2001. L’établissement est implantée là où en 1927, l’architecte Jean-Baptiste Lebas, avait pensé le site d’une piscine Art Déco, donnant vie à un lieu d’une beauté saisissante Progressivement, elle deviendra le lieu de rencontres entre les classes populaires nombreuses de l’époque, et les habitants dits, des courées, plus aisés. Le musée, réhabilité par Jean-Paul Philippon, conserve cette volonté de garder un esprit solidaire. Les arts appliqués présentés se déclinent à travers les douches transformées en vitrines. La scénographie principale reste le  grand miroir d’eau, adaptable, où prenait place autrefois le bassin.

Et les piscines sont depuis toujours des sources d’inspiration pour les artistes contemporains :

France Info

28 mai 2035

Le Président de la région du Sud réagit face aux agissements des militants de la piscine coulée. Depuis près de dix jours maintenant, des milliers de personnes déterrent les bassins vides de leurs jardins, et les positionnent à la verticale, devant leurs logements, en guise de protestation contre les interdictions émises en début de mois, quant au remplissage de leurs bassins avec de l’eau de mer. La solution, trouvée en 2028 par l’ingénieur Lucien Marin, de pouvoir acheminer de l’eau de mer au sein des bassins privés, avec un traitement minimal pour assurer une qualité de l’eau et un filtrage sain, semble ne plus porter ses fruits. 

Des études récentes témoignent de l’agressivité de cette technologie envers les agricultures et serres marines présentes aux abords des habitations. Les tuyaux dédiés viendraient contraindre le développement des planctons nécessaires à la substitution de la terre. Les exploitants marins témoignent d’ailleurs depuis maintenant deux ans, de la baisse de la culture des pommes de mer.

Le Président du Sud a cependant promis la réhabilitation de petits complexes pisciniers au sein des gares de ter et parking sous-terrains délaissés depuis la généralisation du télétravail de 2032. Il invite ainsi les habitants à prendre leur mal en patience, à préparer leurs foyers aux extrêmes chaleurs, et rappelle qu’il est des populations éligibles, à se réfugier sur les côtes de la Manche ou de la mer du Nord, là où des espaces pour les plus vulnérables des européens leur seront réservés.

Un grand appel à projet demande à des trios d’artistes, d’architectes et de sociologue de savoir illustrer ce paradoxe de la réhabilitation de ces lieux abandonnés qu’ils soient publics ou privés. La solution retenue devra à la fois explorer les usages courants, mais aussi anticiper ceux du futur, au rythme d’un degré celsius en plus par an. L’enjeu ? Faire accepter la contrainte d’un confort perdu en proposant de nouvelles manières de les habiter, à l’instar du développement du skate moderne émergé dans les piscines vides de la Californie des années 1970.

Il paraîtrait cependant, qu'une architecte d'impression brutaliste, une artiste naturaliste et un sociologue d'anticipation seraient en phase d'expérimentation avec des habitants au sein d'un village dans le département, sur la réhabilitation de ces espaces pour en faire des jardins parfaitement ombragés.

--------------------------------

Cet article est le prélude à une formalisation graphique du rendu de l'appel à projet ;).